Mais la vie a d'autres projets. Cependant, le plâtre blanc qui enveloppe complètement son bras droit lui rappelle constamment qu'elle doit être plus prudente. Pour protéger le plâtre de la saleté et des dommages, le médecin l'a recouvert d'un bandage en filet. C'est un aspect pratique mais peu inspirant.
Sophie adore les tatouages. Elle en a d'ailleurs sur quelques parties de sa peau. Mais aujourd'hui, son bras droit avec le plâtre blanc est un espace vide. Comme un nouveau chapitre qui attend d'être rempli. C'est là que Chris entre en jeu. Chris est toujours à la recherche d'idées spontanées et créatives. Lorsqu'il rend visite à Sophie, il trouve sur son téléphone portable la photo d'une rose rouge avec un large sourire. La fleur est entourée de feuilles vertes mais n'a pas d'épines. « Pourquoi ne pas donner un peu de piment à votre plâtre ? » demande-t-il avec un clin d'œil.
Chris prend un feutre à pointe fine et se met au travail avec toute sa concentration. La zone située au-dessus du dos de la main de Sophie devient le théâtre de la rose rouge, qui prend lentement forme. Chris trace chaque ligne avec précision, donnant vie à la fleur et ajoutant des feuilles vertes légèrement incurvées.
La rose symbolise non seulement la beauté, mais aussi la résistance. Sa pureté s'harmonise parfaitement avec la couleur blanche du plâtre, souvent associée à la guérison et aux nouveaux départs. L'absence d'épines masque également les aspects douloureux et le handicap causé par l'immobilisation du bras droit. L'artist veut peut-être aussi exprimer que quelque chose de tendre et de beau peut émerger même dans les moments difficiles ; il pourrait s'agir d'une sorte de message d'encouragement.
Lorsque Chris a terminé le travail, Sophie ne peut s'empêcher de sourire. La rose est parfaite. Mais il faut encore enrouler le filet sur la rose. Cependant, il ne recouvre que partiellement le travail artistique. Il laisse transparaître la beauté de la rose et l'attrait de ce qui est caché. Sophie regarde désormais son bras d'un œil nouveau. Le plâtre n'est plus seulement un obstacle, mais aussi une toile, une opportunité de créativité et d'expression.
L'œuvre d'art a accompagné Sophie pendant plusieurs semaines. Puis vint le jour où le plâtre lui fut retiré. A la place, on lui a mis un plâtre plus court au niveau de l'avant-bras. Sophie avait choisi des bandages verts pour donner au plâtre une touche de fraîcheur et de vivacité. Le nouveau bandage n'avait plus de filet. Il s'agissait d'une nouvelle phase. Plutôt sobre, lisse, sans décoration.